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XVIII
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Elle vit le regard étonné de son adversaire, derrière
son masque d’argent.
Une femme, tout comme elle.
Celle que tous désignaient du titre de Chasseur
rentrait dans la lumière pour la première fois depuis deux siècles :
elle était le Chasseur d’Ares, son Lion Noir.
Ou plutôt sa Lionne Noire…
La Furie des Ténèbres fut en effet portée à
travers l’histoire par des femmes, et uniquement des femmes, mais
son appellation masculine fut conservée pour montrer que le
Seigneur de la guerre ne faisait aucune différence entre ses
guerriers mâles ou femelles. Tout cela remontait à la volonté de
la toute première à revêtir cette Furie, la fille même d’Ares :
l’Amazone…
Les ombres commencèrent à danser autour de la Femme
Berserker.
Elle était la Chasseresse, la Fille Soldat, celle qui
montrât à tous qu’une femme pouvait rivaliser de force avec tout
homme. Elle était la Lionne Noire, la Fille du Roc et de la Nuit…
Elle était l’Amazone.
La lumière des piliers d’obsidienne mettait en
valeur les motifs d’ombres mouvantes qui ornaient sa Furie, ombres
parmi lesquelles surgissait, tels des éclats de sang fugitifs, le
reflet d’un métal écarlate. Elle ne portait pas d’arme,
contrairement aux Berserkers associés à l’humanité, et se
contentait de sa propre force, issue des puissances bestiales qui
habitaient la Furie, issue de la Terre elle-même : elle était
une lionne, une Lionne Noire…
Elle se mit enfin en garde,
face à son adversaire, et attendit le signal qui indiquerait le début
du duel, laissant l’esprit animal de la Lionne Noire l’envahir
peu à peu…
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Shina concentra son énergie dans ses mains, et frappa
de nouveau. Des étincelles pourpres s’échappèrent de ses
griffes et disparurent dans l’air, suivant la trajectoire complexe
des offensives qu’elle tentait de porter.
Sa vivacité lui avait jusqu’à présent permis d’échapper
à la plupart des attaques que le Chasseur lui portait.
« Chasseur »…
Ce n’était qu’un titre en fait, un titre derrière
lequel se cachait une femme, une redoutable guerrière. Shina
comprit que c’était une nouvelle incarnation de l’Amazone, la
première Fille Soldat, qui lui faisait face. La première à se
battre et à vaincre les hommes sur leur propre terrain…
Shina se demanda pourquoi l ‘Amazone préférait
limiter ses mouvements, parant les coups au lieu de les esquiver. La
Lionne Noire stoppait les coups, et faisait de rapides pas de côté
pour contre-attaquer, manœuvre inutile face à la vitesse de Shina.
Une technique aussi passive l’interpellait : elle
s’attendait à autre chose de la part de la Chasseresse, quelque
chose de plus… agressif.
Cette attitude laissait à Shina toute latitude pour
frapper la femme Berserker de tous côtés, grâce à sa vitesse
prodigieuse. L’Amazone aurait beau continué de parer, les coups
qu’elle portait finiraient bien par percer l’épaisseur de la
Furie…
Elle prit alors un moment pour jauger la Lionne Noire,
dont la Furie était animée d’étranges ombres mouvantes. Quelque
chose n’allait pas. Toujours immobile, cette dernière continuait
d’attendre, bien campée sur ses jambes. Des reflets sanglants
apparaissaient parfois sur le métal noir, tels les yeux d’un
fauve qui guettait dans la pénombre.
Shina remarqua alors que les ombres autour de la
Lionne s’étaient animée. Elle jeta alors un coup d’œil
inquiet près d’elle, et constata avec horreur que sa propre ombre
était agitée de soubresauts : on l’aurait dit agitée de
spasmes douloureux, une ombre de souffrance démultipliée à la
lueur des piliers enflammés d’Ares !
Le Chevalier du Serpent se ressaisit et se lança
encore une fois à l’attaque. Elle ne devait pas faillir : céder
à la peur était une faiblesse indigne d’elle !
Elle ferait en sorte que ses
Griffes du Tonnerre touchent, et cette fois…
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Attentive et calme, elle attendait son adversaire.
Savoir observer et attendre.
Guetter et réagir.
Frapper pour tuer, et uniquement tuer.
Telle était la voie de la Lionne Noire, une ombre
chasseresse dans le silence de la nuit.
Elle se rappela les étendues de la savane, loin là-bas,
dans son pays natal. Une vaste plaine, dominée par la splendeur du
Kilimandjaro, où elle avait tout appris: ce qu'était l'essence de
la Nature, la beauté d'un clair de lune, ce que signifiait réellement
vivre dans l'instinct, en permanence happée par une intense soif de
vivre...
La Vie. Voilà ce qu'elle était venue défendre.
Elle avait pleuré le jour de son réveil, où une
partie de la plaine qu'elle avait tant aimée fut livrée aux
flammes. Beaucoup d'animaux périrent, mais elle s'arrangea pour en
sauver la plupart. En effet, seuls les humains méritaient le
courroux du Grand Sauvage, et eux seuls. Il lui suffisait de voir
les étendues dévastées par leur insatiable activité pour s'en
convaincre. Le jour était venu où tout allait changer, ou la nuit
plutôt...
Elle se jura de rendre à la steppe sa beauté et sa
gloire.
Elle leva les yeux au ciel, et la pale lueur de la
lune dans un océan de ténèbres renforça son courage.
D'un certain point de vue, elle était heureuse de se
battre la nuit, dans l'ombre, là où elle se sentait le mieux. Là
où elle tirerait le mieux parti de sa puissance...
La femme qui lui faisait face était certes aussi vive
qu’un serpent, mais un serpent qu’un seul coup de patte
suffirait à écraser.
Un peu de patience, et…
Le hurlement de douleur de la femme Chevalier fut le
premier véritable éclat de voix à briser le silence de leur
affrontement. Son bras gauche était en sang, et pire,
l’articulation du coude complètement broyée.
La Lionne venait de briser l’un des deux crocs du
Serpent…
Jouer avec sa proie lui parut alors irrésistible, la
tuer simplement ne lui parut pas suffire.
Le Grand Sauvage aimait jouer avec elle autrefois :
son seigneur, tout comme elle, aimait l’art de la chasse. Traquer
une proie était un plaisir qu’ils partageaient tous deux.
Le nombre des proies avait fortement diminué désormais,
par la faute des humains : le Grand Sauvage avait promis de
renverser la situation, et d’enseigner aux mortels ce que
respecter la Nature signifiait…
Elle concentra son aura, domptant les ombres
alentours, et les projeta contre le Serpent blessé. Une multitude
de tentacules de ténèbres obéirent à son appel, et s’élancèrent,
traquant leur ennemie. Les Esprits de l’Ombre étaient des alliés
puissants, et ils étaient d’autant plus agressifs ce soir
qu’une grande bataille était en train de se jouer cette nuit :
les appeler ne lui fut guère difficile.
Elle se demanda alors : combien
de temps pourrait-elle s’amuser ?
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Shina se tenait le bras de douleur.
La prise que l’Amazone venait de lui faire était
d’une simplicité enfantine, mais parfaitement menée : la
femme Chevalier eut presque honte de s’être fait avoir aussi
facilement. Elle avait oublié que des coups aussi faibles pouvaient
encore l’atteindre... surtout avec la force d'un Berserker.
Décidément, la liste de ses mea culpa était bien
longue.
Elle ricana doucement et se remit en garde.
Ce combat devenait excitant.
Les projections d’ombre de la Lionne Noire étaient
redoutablement rapides, ce qui tranchait avec le calme apparent de
celle qui les contrôlait. Les tentacules de ténèbres
s’agitaient dans tous les sens, mais Shina se mouvait sans
difficulté au travers. Même la Chaîne d’Andromède n’étaient
pas assez rapide pour elle, elle l’avait déjà prouvé…
Elle sauta et bascula en un mouvement audacieux.
Elle n’avait pas encore dit son dernier mot…
Les ombres la suivirent rapidement, mais ne purent
l'empêcher de frapper celle qui les contrôlait au front, d’un
puissant coup de genou.
Le casque de l'Amazone vola au sol, libérant une
impressionnante chevelure à la teinte de sable, et qui tranchait
fortement avec sa Furie sombre et sa peau d’ébène. Shina
l’entendit grogner de colère : sur le front de l'Amazone luisait
la Rune du Chasseur, d'un éclat sombre et bleuté, et l'aura de la
femme Berserker changea soudainement. Sa cosmo-égergie se mua en
puissance brute.
Derrière le silence de l'Ombre se cachait la colère
des Ténèbres...
La multitude de tentacules d’ombres rejaillit
brusquement, lancée après elle.
Pas assez rapide, pas assez rapide, s’amusa-t-elle
à chantonner.
Shina serait en position de force tant qu’elle
conservait sa vitesse et sa précision. Elle sautait et esquivait
sans difficulté, et si l’Amazone était assez stupide pour rester
où elle était, constituant une cible parfaite, tant pis pour elle.
Des vies humaines dépendaient de sa victoire, et elle
allait vaincre.
Elle se l'était juré.
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Elle avait sous-estimé la vivacité du Serpent,
toujours si prompt à se faufiler, et à frapper subitement…
Elle sourit.
Décidément, jouer avec une proie était vraiment son
activité favorite.
Elle se mit à courir vers le Chevalier d’Athéna,
la Femme Serpent.
A chaque pas, elle puisait un peu plus de la force de
la Terre, empruntant un peu plus à chaque fois la puissance et la
dureté du Roc. Sa cosmo-énergie se mit à résonner avec le sol de
l'arène de marbre, et les blocs de pierre qui constituaient l’arène
jaillirent soudain du sol aplani, suivant un motif étrange.
La Femme Serpent continuait d'esquiver tant bien que
mal les Esprits de l'Ombre, mais suivrait-elle avec en plus ceux de
la Terre?
Son énergie s'amplifiait tandis que la Rune sur son
front brillait de plus en plus.
Un éclair sanglant traversa
soudain l'aura de la marque accordée par Ares. Ses yeux
rougeoyaient désormais d’une lueur sanglante et mortelle.
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Les colonnes de marbre jaillissaient et s’enfonçaient
sans arrêt à travers toute l'arène, la transformant en un paysage
discontinu et chaotique. Shina avait de plus en plus de mal à
anticiper le mouvement des blocs de pierre, certains se dérobant
sous ses pieds, d'autres surgissant soudain, la forçant à amortir
la puissance des chocs et à esquiver tant bien que mal.
Les tentacules, infatigables, continuaient leur traque
acharnée après elle.
La Lionne Noire déployait à présent toute sa
puissance.
La guerrière d'Ares traversait le champ des piliers
en mouvement sans la moindre difficulté, s'approchant de plus en
plus.
Shina n'avait plus attaqué depuis un bon moment, car
elle avait trop de choses à anticiper.
Comme pourrait-elle parvenir à toucher la Lionne
Noire sans subir une frappe fatale ?
Elle décida alors de tenter le tout pour le tout, et
fonça sur la femme Berserker.
Comme l'aurait fait cette tête brûlée de Seiya...
Pourvu qu'il lui porte chance.
Elle prit encore de la vitesse, ayant depuis longtemps
dépassé le mur du son, laissant les tentacules d'ombre loin derrière.
La Lionne Noire, qui perçut sa charge, se contenta de l'attendre.
Elle allait bien voir si son adversaire pourrait
encaisser ce nouveau coup. Un puissant champ électrique se forma
autour d’elle, et des étincelles d’énergie pourpre
parcoururent son corps. Sa cosmo-énergie s’amplifia, encore et
encore.
Elle allait porter toute sa puissance dans un coup
unique, et tant pis pour sa propre sécurité : l'enjeu dépassait
celui de sa propre vie.
Et que frappe le Dernier
Tonnerre du Serpent…
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La Lionne Noire laissa un sourire mauvais s'afficher
sur son visage d'ébène.
Le coup pathétique de la Femme Serpent ne l'avait même
pas ébranler.
Ce n'était guère étonnant, car derrière elle se
tenaient les plus puissants esprits de Terre et du Roc. Elle sentait
leur énergie vibrer à travers tout son corps, dès le contact même
entre ses pieds et le sol de marbre. Ses jambes étaient ancrées au
sol grâce à leur pouvoir, et jamais elle ne tomberait. La
puissance de la Montagne était en elle.
Seule la Mort la ferait tomber désormais, et encore,
elle n’en aurait pas encore fini…
La femme Chevalier s'écrasa en arrière, repoussée
par la violence du choc de sa propre attaque, et crachant le sang.
Les étincelles d'énergie pourpres furent rapidement dissipées,
laissant la place aux ténèbres qui commencèrent à tout
recouvrir...
Son ennemie au masque d'argent fut soulevée de terre,
soumise à l'étreinte terrible des esprits de l'Ombre qui allaient
la dévorer.
L’Amazone concentra sa puissance entre ses poings,
accumulant l’énergie cinétique de la Terre. L’énergie fit
vibrer la femme Berserker un bref instant, fendillant légèrement
le sol autour d’elle, puis déchargée en bloc.
La Femme Serpent hurla en encaissa un choc qui lui
broya le corps, avant de retomber, inerte. L’énergie cinétique
avait comprimé sa chair et ses os jusqu’au point de rupture…
Les ombres se retirèrent, et le corps de la femme
Chevalier s’écrasa au sol.
La Lionne Noire fit quelques pas, puis s’arrêta
net.
Le Serpent était toujours en
vie.
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Marine suivait attentivement le combat de Shina.
Son adversaire, un Berserker femme, faisait montre de
pouvoirs étranges, liés à une puissante affinité avec les
pouvoirs de la Nature. Le Chevalier de l’Aigle se mit à réfléchir,
rapidement, voyant la situation de Shina se dégrader.
Il y avait certainement un moyen de vaincre la Lionne
Noire. Sa puissance était celle de la Nature sauvage et indomptée,
une énergie brute, mais libre.
Marine avait étendu ses perceptions pour découvrir
que la Lionne Noire ne manipulait pas réellement les ombres et le
sol, comme l’auraient fait des Chevaliers d’Athéna.
Sa méthode consistait au contraire à appeler les
Esprits, à ne faire plus qu’un avec eux au sein d’un rapport de
communion, et ensuite leur demander d’attaquer. Ces pouvoirs étaient
fort proches de ce qu’on nommait le shamanisme…
Ce n’était pas l’Amazone qui était puissante,
toute sa force provenait plutôt de la Nature toute entière derrière
elle : comment lutter alors avec une telle entité..?
Marine observa les autres Berserkers, guettant sur
leur visage une clé au problème. Certains parmi eux murmuraient,
d’autres gardaient un silence total. Une certaine atmosphère de
confiance régnait chez eux : ils étaient certains de la
victoire de leur guerrière.
Elle les observa un à un, et croisa soudain le regard
de celui qu’elle connaissait sous le titre de Tigre Blanc. Quelque
chose était étrange avec ce Berserker, un sentiment vague et
lointain l’envahit un bref instant. Son regard… Se pouvait-il
que..?
Elle refusa cette idée, n’osant imaginer ce que
cela entraînerait.
Elle détourna les yeux, tout comme lui, au même
instant.
Elle entendit le cri de Shina alors qu’elle
chargeait sur son adversaire.
Non, elle n’y arriverait pas.
Foncer ainsi revenait à courir tête baissée contre
un mur.
Elle paniqua, cria à Shina d’arrêter. Le Chevalier
d’Argent du Serpent ne l’entendait plus. Elle regarda autour
d’elle, et les autres Chevaliers gardaient un silence respectueux.
Seul Seiya hurla avec elle, l’enjoignant d’arrêter.
Elle jeta à nouveau un coup d’œil du côté des
Berserkers.
C’est là qu’elle le vit.
Celui qui s’appelait le Stratège. Son regard croisa
le sien, et l’espace d’une seconde, elle le vit regarder un
point précis de l’arène. Elle suivit son regard et vit les
jambes de la Lionne Noire. Il lui lança un sourire entendu.
Tout s’éclaira soudain.
Ses jambes.
L’Amazone tirait tout son pouvoir de la Terre et de
l’Ombre, et elle avait vu les courants d’énergie circuler du
sol vers son corps.
A travers ses jambes…
Le hurlement de Shina l’arracha à son illumination.
Le corps de la femme Chevalier s’écrasa au sol.
Elle paraissait avoir sombrer dans l’inconscience.
Non, il ne fallait pas, il n’était pas trop tard,
il fallait absolument que…
Elle l’entendit soudain.
Elle leva les yeux vers le trône
de marbre blanc.
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L’heure était-elle venue ?
Shina avait déjà failli mourir à plusieurs reprise.
La dernière fois, ce fut sous les coups enragés d’Aïolia, le
Chevalier d’Or à l’Armure de Lion.
Quelle ironie… C’est sous les coups d’un autre
lion qu’elle allait périr, une lionne plutôt, une Lionne
Noire…
Elle ne sentait plus rien, et se contentait de dériver.
Elle était fatiguée, elle avait tout donné, sans grand succès.
Il n’y avait plus rien à faire. Elle avait joué sa vie, et avait
perdu…
Un chant lointain lui parvint, timidement d’abord,
puis prit l’ampleur d’une voix sereine et majestueuse…
Athéna !
La voix de la Gardienne de la Terre l’appelait, réchauffant
son cœur et son âme.
« Shina, as-tu oublié pourquoi tu te bats ?
-
Je… je n’ai rien pu faire. Athéna… je suis désolée,
pour tout le mal que j’ai fait, pour tout ce que j’aurais pu
faire et n’ai pas fait… J’ai plus d’une fois trahi mon
devoir, et l’heure est venue pour moi de payer…
-
Tu te trompes. Ton heure n’est pas venue, Chevalier.
Il te reste ta Foi, et l’Amour caché en ton cœur… Tu ne dois
pas perdre. Chevalier, des vies dépendent de nous en cette nouvelle
bataille, des vies… »
Shina sentit une force nouvelle l’envahir,
l’enveloppant doucement. La voix d’Athéna l’avait réchauffé,
et une énergie vivifiante s’était écoulée en elle. Le Chant
d’Athéna lui rendit le courage qu’elle avait perdu.
Quand elle ouvrit les yeux, ce fut pour entendre les
acclamations et les encouragements des autres Chevaliers. Seiya,
plus que les autres, lui hurlait littéralement de se relever.
Seiya…
Elle entendit la voix de Marine lui parvenir. Elle la
regarda, avant de comprendre ce qu’elle venait de lui dire.
Non, finalement, elle ne mourrait peut-être pas.
Elle allait même gagner, avec
un peu de chance…
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La Lionne Noire fut impressionnée de voir le Serpent
se relever.
La femme Chevalier était décidément très
endurante. Les marques de ses blessures montraient de graves lésions,
mais quelque chose l’avait poussé à se relever. La détermination,
la foi ou le courage tout simplement, voilà des choses qui
l’avaient sans doute aidée.
Elle sourit.
La femme Serpent méritait le respect du Lion.
Les choses cependant avaient trop duré. Ce duel, elle
comptait bien le gagner.
Soudain, la femme Chevalier se remit à courir, aussi
vite que tout à l’heure, encore plus vive même, dans sa
direction.
Elle appela alors les Esprits, qui revinrent
l’aider.
Le Serpent allait-il encore
venir se fracasser contre la puissance de la Montagne ?
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Shina prit de la vitesse, toujours et encore plus. Les
tentacules de ténèbres, les blocs de marbre en mouvement, tout
cela elle ne le percevait plus. Elle ne voyait plus qu’une chose :
son ennemie.
Elle fonçait, à une vitesse ahurissante. Des éclairs
d’énergie foudroyants jaillissaient alors qu’elle traversait
l’air à une vitesse jamais atteinte, des éclairs aux reflets
pourpres.
La Lionne Noire l’attendait de pieds ferme, comme
tout à l’heure.
Arrivée au devant de son adversaire, Shina déploya
soudain toute la puissance du Tonnerre du Serpent contre le sol de
marbre, juste sous les pieds de la femme Berserker.
Celle-ci, surprise de la voir frapper le sol, n’eut
pas le temps d’esquiver le coup de pieds de Shina qui la projeta
à une dizaine de mètres.
Shina s’empressa alors de la poursuivre.
Le sol.
Il fallait l’empêcher de toucher le sol.
C’est de là qu’elle tirait tout son pouvoir.
C’est comme cela qu’elle pourrait la vaincre.
Elle poursuivit la Lionne Noire, et juste avant
qu’elle ne touche le sol, frappa à nouveau. Cette fois de la
douleur se lisait sur le visage de la femme Berserker.
Shina termina par un dernier
uppercut, telle un Serpent Foudroyant transperçant les cieux…
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Elle n’arrivait pas à y croire.
La Lionne Noire était vaincue.
Le lien entre elle et les esprits de l’Ombre et de
la Terre avait été brusquement rompu, et elle comprenait à présent
parfaitement pourquoi. Elle avait baissé sa garde, accordant trop
de confiance aux esprits pour la protéger…
Quelle faiblesse !
Elle, la Lionne Noire, vaincue à cause de sa propre
arrogance !
Trop sûre de sa puissance, elle avait laissé un
simple Serpent la mordre…
Et son poison, insidieux, commençait douloureusement
à faire effet : elle avait été victime de sa propre vanité,
et son orgueil ne s’en remettrait sans doute pas.
Elle n’en retirerait pourtant aucune colère, au
contraire, c’était une bonne leçon : elle aurait dû se
battre pour la Nature, au lieu de la laisser se battre pour elle.
Quelle vanité que de croire sa puissance acquise !
Elle se releva, lentement, parmi les débris de l’arène
qui s’était fracassée dans l’impact du coup de la femme
Serpent. Cette dernière la regardait avec méfiance.
Elle lui adressa un sourire : il fallait parfois
savoir accepter sa défaite.
Elle fit quelques pas, avec la noblesse d’une
Lionne, et tendit la main à son adversaire.
Le duel se termina là, sous les cris des Chevaliers
du Zodiaque.
De leur côté, les Berserkers gardèrent un silence
respectueux. Ils savaient qu’elle avait perdu, mais ne lui en
voulaient pas. Après tout, le Tournoi ne faisait que commencer. Ils
l’accueillirent donc avec des paroles de réconfort : les
Berserkers avaient beau être les plus grands guerriers sur cette
Terre, ils n’en restaient pas moins une fraternité…
Elle se jura de retenir la leçon.
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