Un si beau mariage...

   
 

Extrait de la correspondance entre Samu Jiro et Cairn "Petit Loup", ambassadeur des Loups auprès des Scarabées du Khanistan (à ne pas confondre avec le "Cairn" des Celtes... ;-)

 

   
         

 

 

Honneur à Toi, mon cher et vieil Ami,

Bien des lunes ont passé depuis notre dernière rencontre, l'été dernier, et j'avoue avoir rarement été aussi occupé. Il était donc temps pour moi de t'écrire cette lettre, afin de te faire part des derniers événements touchant nos chers amis. 

Tu as du en avoir été averti, mais j'ai été absent de longues semaines, l'automne dernier, en mission que j'étais pour l'Empereur. La chose s'est relativement bien passée, suffisamment pour que je revienne ici t'écrire ces quelques mots. Depuis, je me consacre entièrement aux affaires de ma magistrature, qui me prennent de plus en plus de temps par rapport à mon professorat, et, je te l'avoue, il y a des moments où je me demande si je pourrai vraiment assumer toutes ces responsabilités qui m'incombent.

C'est à Ryu, devenu Capitaine de la Garde Pourpre du Shogun, qu'a du incomber la difficile tâche d'annoncer la mort de Mitsunaga, notre défunt compagnon, à sa famille. La chose fut d'autant plus difficile que son corps n'a pu être retrouvé, et que sa lame n'a pu leur être rendue. Nous savons tous deux que cette lame ancestrale est à présent entre les mains de ton peuple, et j'espère que nos deux nations pourront négocier le retour du Cimeterre au Palais des Mitsunaga.

Les Seigneurs Gogenso Kaji-sama et Kinzoku-sama sont eux aussi des plus affairés depuis leur accession aux statuts de Shogun et de Champion d'Emeraude, et leur poste les contraint à passer désormais la majorité de leur temps dans la Capitale Impériale. Les affaires de notre Clan, du moins pour son administration locale, relèvent désormais de la responsabilité des trois autres maîtres du clan, Karasu, Kame et Wang Li Fei. Tous se chargent de cette responsabilité avec honneur et efficacité. Haito et Hayashi travaillent désormais au sein de l'Académie Gogenso, Hayashi songeant de plus en plus à la prêtrise, et Haito étant chargé de l'antenne locale de la Ligue Pourpre au sein de l'Académie. ses talents d'ingénieur artificier lui garantiront sans douter une place de plus en plus influente. Zhang Liang et Yuko Natsumo, les Grands Erudits et protecteurs du Savoir, sont eux aussi rentrés dans leur Temple, et j'ai eu le plaisir de les revoir hier, ainsi que la plupart de nos autres amis.

Car, comme tu peux le savoir, c'est demain, le 11 février et Nouvel An Scarabée, qu'aura lieu le grand mariage entre Gogenso Kaji, mon daymyo et nouveau Shogun du Khanistan de l'Est, et la Princesse Pimiko, proche parente de l'Empereur Misu Saicho. En fait, je souhaiterais profiter de cette correspondance pour partager avec toi les quelques coutumes dont tu n'as pas encore connaissance, comme le mariage en terre Scarabée.

Le mariage est par tradition l'un des plus grands événements de la vie, et il est fêté avec toute l'importance qui lui revient. De fait, l'union d'un couple en terre Scarabée se déroule en 3 jours. Le premier jour, le marié vient, escorté de ses proches, auprès de la demeure de la promise pour y demander formellement et officiellement la main de sa future. Un grand banquet est organisé alors par la famille et les proches du mariés, ce qui occupe le premier soir. Second jour, c'est au tour de la mariée, que le futur promis viendra chercher dans son ancienne maison pour l'amener à sa nouvelle demeure, son futur foyer. La mariée fait alors, ce matin là, ses adieux à sa famille, et se rendra avec son promis et ses proches dans le lieu dont elle sera la future maîtresse. Ce second jour se clôt lui aussi par un repas, mais plus sobrement que celui de la veille, car y sont mêlées les larmes de la mariée alors qu'elle quitte sa maison. Troisième et dernier jour, c'est là qu'a lieu la cérémonie officielle. Une grande fête est organisée, la plus somptueuse possible, et les deux mariés paraissent alors en public, dans leurs plus beaux atours.

Hier, le Seigneur Kaji s'est rendu dans la demeure de la famille Pimiko, dans le plus grand apparat. Je faisais partie de sa suite, ainsi que tous nos proches et amis. Nous étions escortés de huit cohortes de soldats et de domestiques, tous chargés de présents et de cadeaux pour la mariée. C'est avec le plus grand honneur que nous fûmes recus par l'Empereur lui-même, qui accorda, grâcieusement, sa permission pour l'union - et qu'il assortit d'une heureuse et subtile bénédiction. La Princesse était vétue de blanc, un kimono immaculé d'une blancheur d'une rare pureté sur les épaules, et affichait un sourire silencieux pendant toute la cérémonie.

Aujourd'hui, c'est avec une sobriété d'usage que la Princesse Pimiko fut transportée, dans un splendide palanquin rouge décoré d'or, jusqu'à sa nouvelle demeure, le Grand Palais du Shogun. Je ne pus que l'entrevoir, mais elle était vêtue d'un kimono rouge, couleur du bonheur et de la joie, aux innombrables brodures d'or fins. A ses doigts, à ses oreilles, dans sa chevelure, une subtile composition de fleurs et de bijoux ne faisait que rehausser sa beauté, et j'avoue avoir eu le coeur pincé à l'idée de voir ma chère, douce et impétueuse amie d'enfance rentrer dans le rang par cette union. Ainsi donc, je serai le dernier de nous deux à me marier.

J'écris ces quelques lignes alors que le repas vient de s'achever. La musique est douce, et contraste avec la fanfare bruyante de la veille et de ce matin. Je me prépare pour la journée de demain, qui verra la véritable célébration du mariage, un événement déjà considéré par tous les courtisans de la Capitale comme l'une des célébrations les plus réussies de la dernière décennie.

Je dois te laisser, à présent, mon cher et vieil Ami. Je t'écrirai une autre lettre, dans les prochains jours, pour te raconter la fin des festivités. En attendant, puisses-tu connaître la Bénédiction de la Longévité, de l'Abondance, de la Beauté et du Bonheur.

Ton vieil ami, 

Samu Jiro-san.