XXIV

 

   

 

Toute l’assistance restait ébahie devant ce qui se passait devant elle.

L’un des Berserkers était intervenu dans le duel – prenant partie pour une femme, une Chevalier d’Athéna ! Les Berserkers affichaient une surprise flagrante – sauf quatre.

Et l’un de ces quatre là était le Samouraï, qui observait la scène avec Seiya, du haut du Mont Fuji, au Japon.

Et un autre était le Stratège, qui maintenait son regard concentré sur Ares.

Et encore un autre, l’Aigle Rouge, dont le visage restait fermé, guettant les mouvements des autres serviteurs d’Ares.

Et le dernier…

 

   

         

 

 

Ares reçut le coup en plein cœur.

Il était trahi.

Et le Roi tombe.

 

   
         
 

 

Des cris.

La Walkyrie avait projeté sa lance, pour le stopper dans son mouvement. L’arme de la femme Berserker fut déviée par le bâton du Stratège.

La Lionne Noire s’était élancée, mais un revers du poing de l’Aigle Rouge la projeta au sol. Le Duelliste tenta de s’interposer, mais la perte de ses pouvoirs ne lui laissait aucune chance. Le Ravageur lui brisa les jambes après avoir réglé son compte à la Lionne.

Le Samouraï souriait en silence de là où il était, Seiya tremblant à ses côtés.

Le Requin Bleu déchaînait la puissance des Océans, sans succès, face au feu blanc du Prédateur.

Enfin, le Premier Berserker, le Champion d’Ares, fut abattu dans le dos par le dernier des Cinq Traîtres : le Tueur.

Ce dernier avait finalement frappé Ares, en plein cœur.

 

   
         
 

 

Tout s’enchaînait trop vite.

Seiya décida de réagir, et tenta de pénétrer par la fenêtre ouverte dans l’espace par le Samouraï.

Ce dernier le retint.

« Et ta réponse ? »

Seiya le regarda droit dans les yeux.

« Jamais je ne trahirai Athéna. »

Alors des étincelles d’énergie verdoyantes tourbillonnèrent autour de lui, alors que le Samouraï brandit à nouveau ses lames.

« Soit, tu as choisi ton camp. Tu peux continuer de servir les Dieux, si la soumission est ce que tu désires le plus… »

Le Samouraï passa sans difficulté à travers la fenêtre, laissant Seiya derrière lui, immobilisé dans un piège spatial.

Il retomba sur ses pieds, juste derrière le trône blanc d’Athéna.

C’est alors qu’il brandit une de ses lames, pointant son bout vers le ciel. A cet endroit, l’espace s’ouvrit à nouveau, et deux paires de chaînes en jaillirent, plus exactement, des menottes de fer noir, aux reflets lugubres. Le Samouraï en prit une, et l’attacha aux mains d’Athéna encore ébahie par ce qui venait de se passer. Le Stratège prit la seconde paire de menotte, et l’attacha aux deux bras d’Ares, à présent inanimé.

Les Chevaliers d’Athéna tentèrent d’intervenir, suivant les Berserkers fidèles à Ares...

La voix du Stratège résonna à travers l’Arène.

« Ne bougez plus, vous qui servez la futile volonté des Dieux ! L’heure est venue pour l’Humanité de s’affranchir de ses entraves – voici venu le moment, enfin, c’est au tour des Dieux de plier sous les chaînes ! »

Il montra les menottes de fer noir.

« Ces artefacts anciens ont le pouvoir de maîtriser même les Dieux – désormais, ce ne sont plus que des hommes auxquels vous faîtes face. Nos égaux, et non plus nos maîtres »

Tous virent Athéna tenter de se relever – et tenter de déployer son aura divine. Mais rien.

Rien !

Ils virent son regard effaré.

« Il est temps pour les Dieux de céder la place, pour une nouvelle ère – et ces chaînes seront notre instrument !

-          Ce sont de mes chaînes que tu parles, Berserker ? »

Tous se retournèrent d’un bloc, vers celui qui venait de parler.

Une silhouette trapue et à la jambe tordue se tenait sur les premières marches du colisée créé par Ares. A ses côtés, un autre homme, grand, mais âgé, vêtu d’une simple tunique blanche et usée – un homme aux yeux opaques, un homme aveugle.

« Qui es-tu ?

-          Je suis celui qui a forgé ton armure, Berserker, ainsi que celle de tous ceux qui sont ici présents. Je suis celui qui ai armé les Dieux et leurs serviteurs. Je suis Héphaïstos, le Dieu Forgeron !

-          Im… impossible !

-          Et je suis aussi celui qui a forgé ces chaînes que vous venez de passer aux mains d’Ares et Athéna… »

Un silence ébahi parcourut l’assistance, même chez les Berserkers renégats.

« Ce que vous faites est folie. Pensez-vous que les autres Dieux vous laisseront faire ? Alors même qu’Ares et Athéna ne sont que des enfants parmi les Dieux ?

-          Nous nous moquons de tes avertissements, Héphaïstos ! L’heure d’une nouvelle ère est venue, l’Age de l’Humanité !

-          Arrêtez-vous, tant qu’il en est encore temps ! Je connais ces menottes que vous venez de passer aux bras d’Ares : je les ai créées, il y a des éons de cela – à son intention. »

De la stupeur s’afficha sur tous les visages.

Ainsi ces menottes avaient à l’origine été forgées pour maîtriser Ares ?

Qu’est-ce que tout cela signifiait ?

Le Samouraï lança un cri de guerre, auquel se joignirent les autres Berserkers renégats. Il fit danser ses lames dans l’espace, et le corps d’Ares, comme celui d’Athéna, s’élevèrent dans les airs. Athéna appela ses Chevaliers à son secours.

Le Tueur se porta au devant du groupe des Berserkers renégats, et invoqua l’essence de son pouvoir originel – l’Entropie. Seiya, Shiryu, Shun, Hyoga – ils se rendirent compte alors qu’ils n’avaient qu’entrevu les véritables pouvoirs du Tueur. Ils étaient loin, très loin de la vérité. Le Tueur cria :

« Par le Néant et l’Oubli ! »

Et un gigantesque tourbillon se forma au centre de l’arène, aspirant tout en son centre, où tout disparaissait. Ce n’était pas un passage vers une autre dimension, ce n’était pas un puits vers l’Enfer : l’attaque du Tueur ramenait simplement ses victimes au Néant originel, ce Néant même d’où l’Univers est sorti. Chevaliers comme Berserkers hurlèrent, tentant de résister à l’énergie entropique déchaînée par le Tueur.

Alors les renégats s’échappèrent, malgré Héphaïstos qui tentait à tout prix de les retenir.

Disparurent par la fenêtre ouverte dans l’espace par le Samouraï :

Le Stratège, brandissant son bâton couvert des runes de l’Histoire.

L’Aigle Rouge, traînant Athéna impuissante derrière lui.

Le Tueur, portant le corps inconscient d’Ares.

Le Tigre, enfin, emporta Marine, évanouie dans ses bras.

Et le Samouraï finalement referma le passage, qui disparut derrière eux.

« Non ! Marine ! Athéna ! »

C’était la voix de Seiya.

Avec le départ du Samouraï, il avait été libéré de sa prison spatiale. Berserkers comme Chevaliers se regardèrent. Ils étaient tous trop abasourdis pour dire quoi que ce soit.

Ce fut de nouveau Héphaïstos qui brisa le silence :

« Vous tous, venez avec moi. J’ai à vous parler. »